Le pétrole, oui… et après ?

Article : Le pétrole, oui… et après ?
Crédit:
16 novembre 2013

Le pétrole, oui… et après ?

C’est officiel ! À partir de 2014 le Bénin (re)commencera à exploiter du pétrole. La découverte de cette manne pétrolière riche de 87 millions de barils (seulement ?) suscite enthousiasme et optimisme au sein de la population. Cependant, il convient de rappeler aux Béninois de garder les pieds sur terre.

Oil Platform by Mikebaird, via Flickr CC.
Oil Platform by Mikebaird, via Flickr CC.

L’annonce a été faite le mercredi 23 octobre dernier, au terme d’une séance de travail que le président de la république a eu avec les dirigeants de la société Sapetro. Selon ces derniers, 87 millions de barils d’or noir sont déjà disponibles sur le bloc 1 du champ pétrolifère de Sèmè-Podji et feront l’objet d’une exploitation sur quatorze ans, à raison de 7.500 barils/jour  à compter de la date d’exploitation. Il existe également un bloc 2 riche de 100 millions de baril du précieux liquide mais dont les modalités d’exploitation ne sont pas encore révélées. En tout, ce serait près de 200 millions de barils d’or noir qui aurait été découvert dans le sous-sol béninois.

Le combat d’un homme.

Ce qu’il faut rappeler ici est que la découverte et l’exploitation prochaine du pétrole béninois ne se seraient pas une réalité aujourd’hui sans la détermination et l’abnégation du président de la République. En fait, le gouvernement de Boni Yayi a suscité bon nombres de railleries (fort justifiées d’ailleurs) du fait qu’il compte dans ses rangs un ministre du pétrole alors que tout le monde sait que notre pays ne produit aucune goute de l’or noir. Et quel béninois a oublié cette image du ministre Barthélémy Kassa, exhibant au chef de l’Etat, un flacon d’échantillon de l’hypothétique pétrole béninois dont on parle tant et à grands renfort de médias ? C’était en février 2009.

A  ce titre seul, on pourrait saluer la vision à long terme du chef de l’Etat sur ce sujet quand on sait que son gouvernement nous a davantage habitués aux improvisations et aux annonces sans suite.

Aujourd’hui, nous en sommes à l’heure où le rêve est train de passer à la réalité et les espoirs vont grandissants. Cependant, il urge de rappeler à la fois aux populations et aux politiques quelques notions de bonne conduite, afin que chacun puisse savoir raison garder.  Ceci pour ne pas plonger ce pays dans la spirale de violences aux arrières gouts de pétrole brûlé que connaissent d’autres nations sur ce continent.

Les erreurs à éviter

–         La récupération politique

A moins de trois ans du terme du second et ultime mandat du président Yayi Boni, et pendant que la question de la révision de la constitution fait rage, la découverte et l’exploitation prochaine du pétrole béninois ne doivent en aucun cas nourrir des rêves d’attachement au pouvoir. Nous devons éviter en priorité toute tentative de séquestration du pouvoir à la manière de Mamadou Tandja au Niger. En effet, le cas du voisin nigérien devrait nous servir de leçon. Les bénéfices du pétrole ne pourront effectivement profiter au peuple béninois que lorsqu’un régime démocratique sera toujours en place.

–         L’illusion pétrolière

Ce  que j’appelle ici l’ « illusion pétrolière », c’est l’euphorie que peut susciter chez les populations l’annonce de la présence de l’or noir dans leur sous-sol. Généralement, cette nouvelle est présentée comme un miracle, mais malheureusement dans la plupart des cas (en Afrique notamment), elle est à l’origine de nombreux conflits dont les populations en sont les premières victimes.

Or, cette illusion court déjà dans les rues de Cotonou et environs. A la lumière de certains commentaires glanés ici et là, on se surprend de constater que certaines personnes rêvent déjà pour le Bénin d’un destin à la qatarie et aux forts accents de pétrodollars.

Pourtant, moins de 200 millions de barils comme réserves de pétrole d’un pays, cela reste, somme toute, modeste. C’est à la limite ridicule quand on sait que le Nigéria à coté  pèse 36,5 milliards de barils, que l’Angola est autour de 12 milliards de barils et que la Libye trône au sommet avec 41 milliards de barils.

–         La mauvaise gestion

Au-delà et plus fort que les deux fléaux cités précédemment, le mal absolu dont il faut épargner les revenus tirés des ressources pétrolières est sans doute la mauvaise gestion. En effet, il est crucial que les revenus tirés du pétrole ait une destination précise et qui va dans l’intérêt suprême des Béninois. Il faut donc mettre en place dès le départ un mécanisme qui empêche que les revenus du pétrole alimentent des comptes secrets dans des paradis fiscaux.

Loin d’être des solutions miracles, ces quelques notions de bonne conduite, si elles étaient observées garantiraient sans doute un climat de paix et de transparence. Mais avant d’en arriver là, on attend d’ici 2014 la livraison du premier baril.

Partagez

Commentaires

Ibikounle
Répondre

Et on comprend pourquoi yayi n'envisage pas laisser le pouvoir à la fin de son mandat.... Certes la découverte d'une plate-forme pétrolière est une bonne nouvelle pour les béninois mais je pense plutôt que nos politiciens ont partagé déjà les dividendes que peut générer l'exportation de cette pétrole.. L'affaire assassinat du chef de l'état n'est que la conséquence du tumulte débat entre Yayi et Talon sur les E/ses qui seront chargées de l'extraction....

Morufux
Répondre

Or Noir ... Tout est résumé dans cette expression. J'espere juste du fond du coeur que les dirigeants de ce pays montreront enfin à la face du monde que l'école et les cours sur le raisonnement et la logique servent à quelque chose. Ça serait quand même dommage que "seulement" 200 millions de barils détournent des gens du droit chemin. Enfin, je me demande s'ils étaient sur ce droit chemin ... Bel article.

Maurice THANTAN
Répondre

Ça serait vraiment dommage en effet. Quand à ta dernière question, je crois que chacun pourra se faire son opinion. Merci quand même.

zannou
Répondre

A vrai dire moi je ne crois pas vraiment a cette chimère de gisement de pétrole. Oui une chimère!!! Jattends voir les opérations débutées pour le croire et tous cela dans lactuel crise politique ( révision de la constitution) j'ai l'impression que ce n'est qu'une stratégie de notre cher président pour s'attacher au pouvoir et contraindre les beninois a lui faire ENCORE confiance pour la concrétisation de ce projet dont les revenus sont dores et deja loués. '' laisser moi changer la constitution et dès que je serai élu a nouveau je vous promet de faire renaître l'économie beninoise a travers notre pétrole ''... Gardons juste les pieds sur terre.

Maurice THANTAN
Répondre

En effet, Ariel, plusieurs personnes restent sceptiques par rapport à l'existence réelle même de ce pétrole. C'est un commentaire que j'ai reçu très souvent après avoir posté cet article. Du coup, moi même, je reste dubitatif jusqu'à "la livraison du premier baril".

De Rocher Chembessi
Répondre

Chers amis,

Cela fait bien des années que le ridicule ne tue pas chez nous. Au-delà de ce fameux pseudo pétrole, il y a beaucoup de ces histoires de ressources minières qu'on nous raconte depuis peu qui frôlent la comédie au sommet de l"Etat. Lisez cet article de blog...

https://chembessi.mondoblog.org/2013/11/07/benin-du-minerai-a-la-presidence/

Stéphanie
Répondre

De l'or noir. Dans mes divagations très peu intellectuelle je me suis laissé allé à penser la même chose que Monsieur et Madame pas très informé. Mais soulignons le nous sommes encore loin aussi bien de la croissance à deux chiffres‚ de la super production et surtt de la redistribution équitable des revenues. A mn avis cke NS devrions faire de mieux c'est égrener nos chapelet ou faire un culte aux dieux et déesse s concernés pour ns épargner du movais sort. Les béninois on une foi immodéré en ce domaine et ne dit on pas ke la foi déplace les montagne ? Bref je conseil de vous mettre le mois possible dans une position d'attente. Merci.
Ne dit on pas