Maurice THANTAN

Le Bénin, une République “WhatsApp et Facebook”

réseaux sociaux sur smartphone

L’expression n’est pas de moi mais du ministre de la Justice, garde des Sceaux du Bénin. Appelé à défendre le bilan des cent premiers jours du nouveau gouvernement béninois installé le 6 avril 2016, Me. Joseph Djogbénou a laissé entendre que nous étions, au Bénin, dans une République « WhatsApp et Facebook ». Une expression somme toute banale mais qui, dans la réalité, dépeint un phénomène de société pas tout à fait nouveau mais qui prend une ampleur importante avec ses avantages et inconvénients : l’omniprésence des réseaux sociaux dans l’administration publique et ailleurs.

 

Facebook et les applications de messagerie instantanée (WhatsApp notamment) ont investi toutes les couches de la société avec des conséquences à divers niveaux. Avec la démocratisation des téléphones intelligents ou smartphones (vulgairement appelés “téléphones android”), (presque) tout le monde a WhatsApp installé sur son téléphone.

Lanceurs d’alertes sur Facebook ?

Le premier effet est que des informations censées demeurer dans des cercles bien définis “voyagent” souvent au delà de ces milieux. Le phénomène a pris une ampleur considérable avec le nouveau gouvernement qui lui même est très avare en matière de communication officielle. Ici, on parle de normo-communication contre l’hyper communication du régime précédent du Président Boni Yayi.

Mais la pratique n’est pas née avec le nouveau régime. Elle existait avant mais a connu un pic durant la période des dernières élections au cours de laquelle WhatsApp et les réseaux sociaux ont été particulièrement mis à contribution.

Fait marquant de cette époque, un arrêté ministériel instituant une journée continue qui devrait permettre aux citoyens d’aller retirer leur cartes d’électeur. Le document qui n’avait jamais été validé au sommet de l’Etat avait circulé maladroitement sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) et dans les conversations WhatsApp. Les citoyens habitués à ce genre de pratique avaient pris l’information pour officielle. Normal, elle avait été même annoncée dans le journal du 20 heures de la chaîne de télévision nationale. Avant d’être démenti dans l’édition de 23h30 du journal télévisé.

Depuis l’arrivée du nouveau régime qui, comme je le disais plus haut est particulièrement avare en communication (les contrats avec la presse ont été suspendus, les informations officielles sont livrées au compte goutte et partiellement, etc), il ne se passe plus aucune semaine sans que des courriers de l’administration ne soient livrés sur les groupes Facebook et WhatsApp. Généralement ce sont des photographies des courriers ou décisions qui sont publiées. Mais pas que.

De nombreux citoyens, agents de l’administration publique ou pas se sont érigés en lanceurs d’alerte dans ce contexte d’absence d’informations que les hommes des médias dénoncent chaque jour pour diverses raisons. Bien souvent, ces derniers sont réduits  à fonder leurs analyses sur des informations “ayant circulé sur les réseaux sociaux”.

Si on peut trouver un certain intérêt à cette pratique, parce que généralement soit elle permet d’avoir des informations que l’administration ne veut pas donner, il n’est pas sans comporter des risques.

Agir à deux niveaux

Les autorités doivent agir à deux niveaux :

  • D’abord elles doivent prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont intégré toutes les sphères de la vie et on doit s’adapter et vivre avec. Cela implique que les autorités, chacun dans son département, définisse des règles claires et précises de l’usage de ces outils en lien avec leur fonction. Il est évident que certains documents ne doivent pas se retrouver sur les réseaux sociaux ou sur WhatsApp. Il doit être prévu des punitions pour des agents par lesquels ces choses pourraient survenir.
  • D’un autre point de vue, le gouvernement et toutes les composantes de l’administration, les collectivités territoriales, etc doivent organiser une communication efficace et proactive sur ces canaux. Il n’est pas exclu que le gouvernement, dans cette démarche et dans un élan d’innovation, utilise le réseau WhatsApp pour communiquer avec les citoyens.

Au delà, chaque administration gagnerait aussi à définir clairement ses rapports avec les réseaux sociaux. Pour en revenir aux propos du ministre Djogbénou d’ailleurs, au delà de la caricature, on se rend compte que le gouvernement a décidé de marquer une présence certaine sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, Twitter, Soundcloud, Flickr, le régime est présent et actif. Chose inédite. Dans le même temps, on se rappelle encore de ce collaborateur d’un ministre du gouvernement qui été relevé de ses fonctions pour un commentaire publié sur les réseaux sociaux au sujet d’une décision du gouvernement. Mais, ça c’est encore un autre débat.


Le football béninois, cette difficile équation (Partie II)

L'équipe nationale de football, les écureuils du Bénin.
L’équipe nationale de football, les écureuils du Bénin.

[Il y a un an, j’avais écrit un article intitulé “Le football béninois, cette difficile équation” dans lequel je relatais la situation dans lequel le football était empêtré. 12 mois sont passés et rien n’a changé, voici la suite de l’histoire. A l’origine, j’avais intitulé cet article : “Au Bénin, on sacrifie le football sur l’autel des intérêts personnels”]

Disons-le tout de suite : le football béninois se meurt depuis 2010. Les Écureuils du Bénin n’iront probablement pas à la Coupe d’Afrique des Nations 2017 au Gabon. Non pas parce que les performances des poulains de l’entraîneur Oumar n’auront pas été à la hauteur, mais parce que quelques dirigeants plus portés sur leurs intérêts sacrifient plusieurs générations de jeunes et mettent à genoux tout un peuple. Entre mauvaise gestion et guerre de succession quelques personnes prennent en otage le destin de tout un peuple et s’amusent avec.

Le football béninois connaît une phase critique de sa crise ouverte depuis plusieurs années depuis un peu plus d’un an. Tout a commencé fin mars 2015 quand le gouvernement d’alors avait décidé de retirer l’agrément à la Fédération béninoise de football. Officiellement, le ministre des Sports et le gouvernement de l’époque avaient évoqué la mauvaise gestion au sein de la Fédération et la division entre les acteurs. Le Comité de réunification et d’orientation qui avait été mis en place pour trouver des solutions avait recommandé un forum national du football réunissant les différents protagonistes autour d’une table. Ces assises n’ont toujours pas encore eu lieu.

Descente aux enfers

Mais surtout depuis l’époque, les choses ne se sont pas améliorées.  Aujourd’hui, la sélection nationale, pourtant en bonne position dans les éliminatoires de la Can 2017, est au bord d’une disqualification. Inutile de refaire ici le récit de tous les événements depuis la remise du rapport du Comité de réconciliation tant l’histoire est très complexe et les rebondissements sont nombreux. A noter seulement qu’on est entré dans nouvelle phase de descente aux enfers depuis le 10 mai 2016 date à laquelle la Fifa a décidé de suspendre les équipes nationales de Football du Bénin des compétitions. Une décision lourde de conséquences car les équipes nationales sont engagées dans les éliminatoires des coupes d’Afrique de leurs catégories respectives. L’équipe des moins de 20 ans, éliminée sur tapis vert dans les qualifications pour la Can Junior 2017, a été la première victime de cette suspension.

En effet, face à l’interminable crise, la FIFA et la Caf ont dû installer un comité dit de normalisation. Son rôle : réconcilier les acteurs et organiser une élection dans un délai de trois mois. A l’arrivée, aucun résultat atteint. Au contraire, la situation a empiré. Les querelles de personnes et les manipulations n’ont pas permis d’avancer. Plusieurs associations ont même accusé ledit comité d’avoir été manipulé et d’avoir encore créé plus de division entre les protagonistes.

En absence de consensus, une partie des protagonistes saisit la justice locale pour trancher alors qu’un congrès électif est annoncé avec une seule liste. Le tribunal de Porto-Novo prononce la suspension du congrès, ce qui a le mérite d’irriter le courroux de la Fifa. Conséquence, le Bénin est suspendu.

Gabon 2017 : un adieu programmé

Si aux contrairement aux juniors, la sélection nationale garde encore un espoir de poursuivre les éliminatoires, c’est seulement grâce à la clémence des instances mondiales du football. Le pays a obtenu un sursis jusqu’au 12 juin 2016 pour jouer son match qualificatif s’il arrivait à élire un nouveau président de la fédération avant cette date. Un nouveau congrès électif avait alors été programmé pour ce vendredi 10 juin 2016. Mais au vu des derniers développements, la sortie de la crise n’est manifestement pas pour maintenant.

En effet, après un dialogue de sourd entre les différents acteurs aux côtés du ministre des sports (qui a du appelé le président de la République à la rescousse au passage) ce mercredi 8 juin, le tribunal de Porto-Novo, saisi à nouveau par certains protagonistes, a encore prononcé ce jeudi une nouvelle suspension du congrès électif.

Pourtant il suffit que chaque camp protagoniste décide de faire un petit effort de consensus pour trouver une solution. Mais manifestement, les enjeux financiers et les intérêts personnels sont tellement énormes que chacun préfère tirer indéfiniment le drap de son côté. A moins que la rencontre annoncée entre les protagonistes et le Président de la République accouche d’une résolution miraculeuse ce jeudi soir, l’équipe nationale se dirige logiquement vers une sortie des éliminatoires de la CAN 2017 malgré tout son mérite. Et le public béninois sera une fois encore contraint de regarder la CAN sans l’équipe nationale. Car (finissons comme J. Rémy Ngono) comme le dit un proverbe africain, ce sont les herbes qui en souffrent.


Bénin : comment les réseaux sociaux ont influencé la présidentielle de 2016

En mars 2016, les Béninois s’étaient rendus aux urnes pour élire un nouveau président de la République. L’ancien président Boni Yayi était arrivé au terme de ses deux mandats constitutionnels et ne pouvait se présenter à nouveau. Une alternance s’imposait. Et même si toutes les conditions pour une élection normale n’étaient pas réunies, le Bénin a réussi le pari d’organiser un scrutin apaisé, dans un contexte où les joutes électorales sont souvent sources de conflits sur le continent.

Mais une chose particulière a également marqué le scrutin. Il s’agit du rôle important que les réseaux sociaux ont joué. Facebook et Twitter ont été particulièrement utilisés durant la période électorale. L’application de messagerie instantanée WhatsApp également. Comment expliquer l’omniprésence de ces réseaux sociaux et leur impact dans la période électorale ? Quels usages en ont été faits par les protagonistes du scrutin, qu’ils soient candidats, acteurs institutionnels ou société civile ?

Le règne de l’intoxication

La période électorale a été particulièrement féconde en publications sur les réseaux sociaux. Dans le flot de posts et de tweets, circulait malheureusement une abondance de rumeurs et d’informations erronées distillées ici et là. Stratégie de campagne pour certains, amateurisme pour d’autres, l’internaute béninois en a vu de toutes les couleurs.

Fabriquées entre les murs du siège de campagne d’un candidat, des messages, montages vidéos ou images falsifiées destinés à mettre en difficultés l’adversaire étaient ensuite publiés ça et là. Première destination, les groupes les plus influents et populaires sur Facebook. Les mêmes messages sont repris sur Twitter puis sur WhatsApp. Il faut toucher le plus de personnes possible. Les personnes qui se livrent à ce genre d’actions, assez vigilantes, utilisent de faux comptes ou se cachent derrière le fameux “Lu pour vous” (qui est souvent une parade) pour livrer leur message.

Pour certains, cela était prévisible. Mais ce qui impressionne le plus, c’est la vitesse à laquelle ces petites intox concoctées ici et là dans les états-majors des candidats ou par un groupe de soutien à un candidat, ont pu inonder le web.

Parce que, contrairement à ce qu’on peut penser, ce qui se passe sur Facebook et Twitter (et par extension sur Whatsapp) n’en reste pas à ces réseaux là. À la lumière de l’observation de notre pratique des réseaux sociaux, au Bénin, le circuit de diffusion de l’information peut être représenté schématiquement comme suit : généralement, l’information apparaît sur les réseaux sociaux (Facebook le plus souvent), transite via WhatsApp, puis se diffuse dans les discussions dans les foyers. Par conséquent, elle a des impacts sur des personnes qui, a priori, n’ont pas accès à ces informations à l’origine.

Campagne ultra 2.0

Durant la période électorale, on pouvait distinguer plusieurs types d’acteurs sur les réseaux sociaux selon les interactions qu’ils entretenaient avec les utilisateurs. On peut d’une part distinguer la société civile et d’autre part les acteurs institutionnels. Au milieu de ces deux se trouvaient les candidats à la présidentielle, ces vrais acteurs de la campagne électorale.

Partis au nombre de 33 au départ, les candidats à l’élection présidentielle n’avaient pas lésiné sur les moyens pour assurer une présence en ligne. Plusieurs parmi eux avaient un staff dédié aux réseaux sociaux. C’est ainsi que certains candidats, pourtant absents de ces plates-formes quelques mois auparavant, sont devenus très actifs. Sébastien Ajavon, arrivé troisième au premier tour, s’est ainsi retrouvé avec un compte certifié sur Twitter. De son côté Abdoulaye Bio Tchané avait déployé une armada de jeunes acquis à sa cause à la fois sur Facebook et Twitter. Ils ont envahit la toile avec des contenus favorables au candidat, finalement arrivé quatrième.

« Il semble qu’il y a un certain électorat à conquérir sur ces réseaux. Être absent sur ces plateformes c’est un peu comme laisser une zone non conquise. [Les candidats] y mettent donc les moyens à travers des pages sponsorisées, à travers des jeunes qui sont payés pour relayer de l’information sur les réseaux sociaux pour les différents candidats », avais-je expliqué à RFI qui m’avait interrogé à l’époque.

De toutes les manières, tous les candidats qui avaient une présence sur les réseaux ont utilisé leur profil pour communiquer autour de leurs activités de campagne et vulgariser leur projet de société. Y compris les jours de scrutin en violation du code électoral.

L’administration entre amateurisme et retard

Si les réseaux sociaux ont particulièrement marqué cette élection présidentielle du côté des candidats et de la société civile, les acteurs institutionnels sont les seuls à ne pas en avoir fait une utilisation optimale.

Très peu étaient sur les réseaux sociaux. La Cour constitutionnelle n’avait aucune présence sur Facebook, encore moins sur Twitter. Il en est de même pour la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Hacc). Ces deux institutions sont pourtant des piliers du processus électoral. Seule la Commission électorale nationale autonome (Cena), avec l’appui technique du Centre européen d’appui électoral, a assuré une présence remarquable sur Facebook et Twitter mais aussi sur son site web.

Conséquence : les informations officielles en provenance de la Cena étaient disponibles et accessibles en temps réel aux citoyens connectés mais aussi aux médias, aux observateurs étrangers, etc. De ce fait, peu de rumeurs ou d’intoxication relatives ont circulé à propos de la Cena.

De l’autre côté, les autres institutions, ne disposant pas de ces canaux de communication proches du peuple, avaient fait l’objet de supputations de toute sorte. C’est ainsi qu’on a annoncé sur les réseaux sociaux (et surtout via WhatsApp) de fausses dates de proclamation des résultats.

Avant la campagne électorale, la Haac a annoncé pouvoir surveiller les médias en lignes, les réseaux sociaux y compris WhatsApp. Dans la réalité, elle n’a pas pu empêcher la publication de prétendus résultats avant la fin du dépouillement ni sanctionner ces actes.

De nombreux autres couacs ont été notés dans la période, liés notamment à la mauvaise utilisation des réseaux sociaux.

La société civile aux aguets

Face à ces potentiels dérives, il faut faire remarquer l’impressionnant travail des organisations de la société civile qui a effectué une veille citoyenne. Aux côtés des organisations de la société civile réunie au sein de la Plate-forme électorale, l’Association des blogueurs du Bénin (AB-Bénin) -que j’ai l’honneur de conduire- s’est posée en gendarme du web 2.0.

Les membres de l’Association, engagés aux côtés des Organisations de la société civile (Osc) se sont évertués à relayer une information crédible et impartiale dans un contexte où la presse et médias classiques se rangeaient chacun derrière un candidat. Cet engagement s’est illustré à travers plusieurs activités.

C’est ainsi qu’un hashtag (#Vote229) a été initié sur les réseaux sociaux pour référencer toutes les informations relatives à l’élection. Ce mot clé lancé par l’AB-Bénin et porté par la communauté web a très vite été adopté par les internautes, les candidats à l’élection mais aussi par les médias.

Pour alimenter le fil d’actualité basé sur ce hashtag, un compte twitter dédié fut créé. Des e-observateurs basés dans les 12 départements du pays ont été formés pour relayer des informations fiables et pour partager leurs témoignages. En somme, faire du reportage social et du journalisme citoyen. Le site www.vote229.org mis en ligne pour la circonstance a servi de plate-forme des publications. Le jour du premier tour de l’élection, le #Vote229 touchait plus de 5 millions de personnes. Quelques jours plus tard, lors du débat face à face entre les deux finalistes, les commentaires des internautes ont fait monter le #Vote229 dans les tendances (Paris). Le mot “Talon” aussi.

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« Talon » dans les tendances le jour du débat face à face entre les finalistes de la présidentielle | Capture d’écran
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Le hashtag #Vote229 parmi les tendances le jour du face à face entre les deux finalistes de la présidentielle | Capture d’écran

Autre activité dans laquelle l’Association s’est illustrée, c’est l’organisation des tweetups “spécial présidentielle”. Les tweetups sont, à l’origine, des rencontres de discussions mensuelles autour de thématiques définies à l’avance. A l’occasion des élections, l’AB-Bénin a organisé cinq tweetups de ce genre sur des sujets relatifs à l’élection présidentielle en lien avec les tics et le web 2.0 en particulier.

Le premier Tweetup avait pour thème “Rôle des TICs et de l’Internet dans  l’élection présidentielle de 2016 au Bénin”. Le quatrième tweetup, organisé une semaine avant le premier tour, s’était penché sur les erreurs à éviter le jour du scrutin sur les réseaux sociaux. Dix recommandations destinées aux utilisateurs avaient été formulées à la fin de ce tweetup. Ces dix principes ont ensuite fait le tour des réseaux sociaux, des groupes WhatsApp, ils ont même été repris par certains médias.

Enfin, chose inédite, nous avons organisé, avec @229people (le compte communautaire des Béninois sur Twitter) des tweetchats avec les candidats à la présidentielle. Autrement dit, il s’agissait de débats organisés avec des présidentiables en direct sur le site de miccroblogging. Nous n’avons pas pu organiser le nombre escompté (sur 33 candidats, seuls 5 ont accepté de se prêter au jeu) mais leur réussite a été saluée au vue des retours positifs que nous avons reçus.

Mais surtout, les blogueurs ont été présents aux côtés de la Plate-forme électorale des organisations de la société durant tout le processus. Notre présence fut remarquable les jours de scrutin, au cœur même du dispositif de la Salle de situation électorale. Entre les publications en temps réel d’informations sur les réseaux sociaux,  les publications sur le site internet et les diffusions des points de presse de la société civile en direct sur Internet (via l’application Periscope), nous avons contribué  à donner une visibilité internationale au scrutin.

L’élection présidentielle de mars a définitivement fait entrer le Bénin dans une nouvelle ère, du fait de l’implication active de nouveaux acteurs, de nouveaux outils et de leur impact. Cette expérience inédite a révélé ses avantages et inconvénients, ses forces et faiblesses. Désormais on sait que le web social jouera à chaque scrutin un rôle toujours plus important. À chaque acteur de prendre la mesure de l’enjeu et de jouer sa partition. 


Le football beninois, cette difficile équation

Ce samedi 13 juin, les Écureuils du Bénin vont affronter le Nzalang nacional de la Guinée équatoriale à Bata ou à Malabo. La rencontre compte pour la première journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN Gabon 2017). Mais peu de Béninois misent sur une prestation spectaculaire du onze national.

L'équipe nationale de football, les écureuils du Bénin.
L’équipe nationale de football, les écureuils du Bénin.

Ce samedi 13 juin, les Écureuils du Bénin vont affronter le Nzalang nacional de la Guinée équatoriale à Bata ou à Malabo. La rencontre compte pour la première journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN Gabon 2017). Mais peu de Béninois misent sur une prestation spectaculaire du onze national. Sans préparation sérieuse, la question que se pose nombres de supporteurs, c’est plutôt comment éviter l’humiliation. Parce que depuis quelques mois, les instances dirigeantes du football national, en occurrence la fédération béninoise de football (FBF) et le ministère des sports sont dans une crise profonde, l’une des plus graves si on peut dire. Une énième querelle qui va encore plonger le sport-roi dans une léthargie pendant plusieurs années

La crise du football fait partie de ces tensions qui par leur ampleur et leur capacité à durer dans le temps méritent des pages entières dans l’histoire du pays. A quelques jours du déplacement en terre guinéenne, l’équipe n’avait pas d’encadrement technique. Le championnat national est suspendu depuis des mois et les internationaux béninois connaissent des parcours différents à l’étranger. L’équipe n’a joué aucun  match amical pour se préparer non plus.

Symbole des maux qui minent le football béninois depuis des années, cette situation n’est pas nouvelle pour les observateurs du milieu. Il suffit de faire une rétrospective sur les dernières années pour s’en rendre compte.

10 ans de ballottage

Les dix dernières années sont assez représentatives pour parler des turbulences que connait le football béninois. 2004, c’est déjà l’année où le Bénin a participé pour la première fois à la CAN. Depuis, le pays a été à deux phases finales de la compétition continentale. Bilan : 2 petits points sur 9 matches joués. Durant cette même période, c’est une dizaine d’entraîneurs qui se sont succédé à la tête de la sélection. Aucun d’entre eux n’est allé au terme de son contrat. Souvent pour des raisons de crises. Hervé Revelli, Serge Devèze, Wabi Gomez, François Létard, Reinhardt Fabisch, Michel Dussuyer, Jean-Marc Nobilo, Denis Goavec, Oumar Tchomogo et j’en passe des pires. Instabilité équivaut à absence de résultats. Evidemment.

De 2004 à aujourd’hui, on ne compte pas les crises qui ont secoué la maison du football béninois. Certains épisodes d’anthologie auront marqué les esprits. Tous ont pour conséquence de plomber les résultats de l’équipe nationale. Dans la plupart des cas, il s’agit de guerre d’individus sur fond d’intérêts personnels. Des élections contestées à la FBF au retrait de l’agrément à la Fédération en passant par les suspensions des championnats et les querelles autour de la gestion de la Ligue de football professionnel, la liste est loin d’être exhaustive.

Sans rentrer dans les détails, on retiendra surtout la crise née le 20 décembre 2010. 13 membres sur les 15 du comité exécutif de la fédération démissionnent. Parallèlement, le président de la ligue de football professionnel, lui  aussi en désaccord avec le président de la FBF rend son tablier. Crise ouverte qui durera jusqu’en octobre 2013, date de l’élection d’un nouveau bureau. Pendant ce temps, les activités footballistiques sont mises en veille. Sans championnat local, et humilié dans les éliminatoires l’équipe nationale va manquer les CAN 2012, 2013 et 2015.

L’élection de la nouvelle équipe était censée ramener le calme et la réconciliation entre les protagonistes d’hier. Les supporters et athlètes caressaient cet espoir jusqu’au 27 mars 2015, date de la naissance d’une nouvelle dont personne ne peut encore deviner la fin. Le gouvernement, au terme d’un conseil des ministres décide de retirer l’agrément à la fédération. De fait, cette dernière est retirée de la gestion du football béninois. Son siège est militarisé. Les deux camps s’affrontent par médias interposés. Le ministère installe un comité de réunification pour ramener la sérénité (une énième fois) dans la maison. La Fifa dépêche une mission sur place pour constater la situation et tenter de restaurer le dialogue.

C’est dans cette ambiance tendue que les Écureuils se sont envolés pour la Guinée-Equatoriale. A leur tête, un encadrement technique désigné par le ministère. Une belle prestation des joueurs réjouira forcément les Béninois. Mais pas tous les dirigeants. Peu importe le résultat, le match va passer et la crise va continuer. Mais jusqu’à quand ? Bien malin celui qui va résoudre cette équation. Pourtant, les supporteurs et les acteurs du football n’attendent que la fin de la saga qui n’a que trop duré.