Bénin : 2014 commence avec une grève générale

7 janvier 2014

Bénin : 2014 commence avec une grève générale

Ce mardi 7 janvier 2014, l’administration publique béninoise a été paralysée par une grève générale de 48 heures lancée par les confédérations et centrales syndicales. Le mouvement de débrayage dont les motifs datent seulement de quelques jours a été plus ou moins suivi par un certain nombre de fonctionnaires.

Photo: www.24haubenin.com
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Les raisons de la colère

Inutile de se précipiter dans les services publics ce matin. Plusieurs d’entre eux tournaient au ralenti. En effet, plusieurs centrales syndicales du pays avaient appelé à une grève générale dans tous les services de l’État. Une grève dont les raisons ne remontent qu’à une dizaine de jours.

En effet, le 27 décembre dernier, les centrales syndicales avaient initié une marche de protestation contre le régime du président Boni YAYI. Cette manifestation était organisée en marge du discours de ce dernier sur l’état de la nation à l’assemblée nationale. Mais au bout des formalités administratives, la manifestation avait été interdite par le préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral. Par contre, les organisateurs de la marche ont obtenu le feu vert de la mairie de Cotonou. C’est sur la base de cette autorisation municipale qu’ils se sont rendus à la bourse de travail, point de départ de la marche. Mais dès les premières heures de la journée, le lieu était déjà fortement militarisé. En effet, les forces de l’ordre déployées par le commissariat de police de la ville avaient pour instruction d’empêcher toutes manifestations des responsables syndicaux et de leurs camarades. La manifestation des confédérations et centrales syndicales a donc été violemment réprimée par les forces de l’ordre.

Le mouvement de débrayage de ce jour est une réponse des centrales et confédérations  syndicales  à ce qu’elles considèrent comme « le bâillonnement des libertés démocratiques ». Les responsables syndicaux entendent crier leur ras le bol face à  ces faits qui portent « manifestement la volonté de liquidation des responsables syndicaux et autres manifestants ». Ils rappellent que la grève prévue pour durer 48 heures est reconductible. Par ailleurs, ils exigent la démission immédiate du Préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, Placide Azandé, et celle du Commissaire Central de Cotonou, Pierre Agossadou.

La grève dans la réalité

Afin de prendre la mesure de l’ampleur de la grève lancée ce jour, j’ai fait une descente dans quelques administrations de l’État. En fait, je devrais y faire quelques courses, alors j’en ai profité pour voir la mobilisation des travailleurs. Évidemment, tout le monde n’a pas suivi le mot d’ordre. La méfiance est d’autant plus de rigueur chez les travailleurs depuis que l’État n’hésite plus à faire des défalcations sur le salaire des grévistes. Cette menace a d’ailleurs été brandie par plusieurs responsables, ce qui n’a visiblement pas empêché certains d’aller en grève.

Par exemple, l’Université d’Abomey-Calavi a été profondément touchée par le mouvement de grève. Les amphis et salles de cours étaient  vides car les enseignants ont plutôt brillé par leur absence. A la faculté des lettres, arts et sciences humaines, les étudiants en géographie qui devraient composer aujourd’hui ont vu leur évaluation repousser à une date ultérieure. Ailleurs, le constat était le même pour ceux qui devaient soutenir leur mémoire aujourd’hui. Aussi, un tour au ministère du Travail et de la Fonction publique et je constate que le mouvement de grève a été plus ou moins suivi. La radio et la télévision nationales ont été également mobilisées.

Finalement, le mot d’ordre de grève a été plutôt bien suivi même si la désolidarisation de certains syndicats et surtout la menace de défalcation sur les salaires des grévistes, très vite brandie par le gouvernement, ont sans doute dissuadé beaucoup de personnes. Mais, on peut d’ores et déjà dire que l’année sociale commence sous de mauvaises auspices pour le gouvernement et les syndicats de travailleurs.

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Commentaires

Houessou
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