Le football beninois, cette difficile équation
Ce samedi 13 juin, les Écureuils du Bénin vont affronter le Nzalang nacional de la Guinée équatoriale à Bata ou à Malabo. La rencontre compte pour la première journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN Gabon 2017). Mais peu de Béninois misent sur une prestation spectaculaire du onze national.
Ce samedi 13 juin, les Écureuils du Bénin vont affronter le Nzalang nacional de la Guinée équatoriale à Bata ou à Malabo. La rencontre compte pour la première journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN Gabon 2017). Mais peu de Béninois misent sur une prestation spectaculaire du onze national. Sans préparation sérieuse, la question que se pose nombres de supporteurs, c’est plutôt comment éviter l’humiliation. Parce que depuis quelques mois, les instances dirigeantes du football national, en occurrence la fédération béninoise de football (FBF) et le ministère des sports sont dans une crise profonde, l’une des plus graves si on peut dire. Une énième querelle qui va encore plonger le sport-roi dans une léthargie pendant plusieurs années
La crise du football fait partie de ces tensions qui par leur ampleur et leur capacité à durer dans le temps méritent des pages entières dans l’histoire du pays. A quelques jours du déplacement en terre guinéenne, l’équipe n’avait pas d’encadrement technique. Le championnat national est suspendu depuis des mois et les internationaux béninois connaissent des parcours différents à l’étranger. L’équipe n’a joué aucun match amical pour se préparer non plus.
Symbole des maux qui minent le football béninois depuis des années, cette situation n’est pas nouvelle pour les observateurs du milieu. Il suffit de faire une rétrospective sur les dernières années pour s’en rendre compte.
10 ans de ballottage
Les dix dernières années sont assez représentatives pour parler des turbulences que connait le football béninois. 2004, c’est déjà l’année où le Bénin a participé pour la première fois à la CAN. Depuis, le pays a été à deux phases finales de la compétition continentale. Bilan : 2 petits points sur 9 matches joués. Durant cette même période, c’est une dizaine d’entraîneurs qui se sont succédé à la tête de la sélection. Aucun d’entre eux n’est allé au terme de son contrat. Souvent pour des raisons de crises. Hervé Revelli, Serge Devèze, Wabi Gomez, François Létard, Reinhardt Fabisch, Michel Dussuyer, Jean-Marc Nobilo, Denis Goavec, Oumar Tchomogo et j’en passe des pires. Instabilité équivaut à absence de résultats. Evidemment.
De 2004 à aujourd’hui, on ne compte pas les crises qui ont secoué la maison du football béninois. Certains épisodes d’anthologie auront marqué les esprits. Tous ont pour conséquence de plomber les résultats de l’équipe nationale. Dans la plupart des cas, il s’agit de guerre d’individus sur fond d’intérêts personnels. Des élections contestées à la FBF au retrait de l’agrément à la Fédération en passant par les suspensions des championnats et les querelles autour de la gestion de la Ligue de football professionnel, la liste est loin d’être exhaustive.
Sans rentrer dans les détails, on retiendra surtout la crise née le 20 décembre 2010. 13 membres sur les 15 du comité exécutif de la fédération démissionnent. Parallèlement, le président de la ligue de football professionnel, lui aussi en désaccord avec le président de la FBF rend son tablier. Crise ouverte qui durera jusqu’en octobre 2013, date de l’élection d’un nouveau bureau. Pendant ce temps, les activités footballistiques sont mises en veille. Sans championnat local, et humilié dans les éliminatoires l’équipe nationale va manquer les CAN 2012, 2013 et 2015.
L’élection de la nouvelle équipe était censée ramener le calme et la réconciliation entre les protagonistes d’hier. Les supporters et athlètes caressaient cet espoir jusqu’au 27 mars 2015, date de la naissance d’une nouvelle dont personne ne peut encore deviner la fin. Le gouvernement, au terme d’un conseil des ministres décide de retirer l’agrément à la fédération. De fait, cette dernière est retirée de la gestion du football béninois. Son siège est militarisé. Les deux camps s’affrontent par médias interposés. Le ministère installe un comité de réunification pour ramener la sérénité (une énième fois) dans la maison. La Fifa dépêche une mission sur place pour constater la situation et tenter de restaurer le dialogue.
C’est dans cette ambiance tendue que les Écureuils se sont envolés pour la Guinée-Equatoriale. A leur tête, un encadrement technique désigné par le ministère. Une belle prestation des joueurs réjouira forcément les Béninois. Mais pas tous les dirigeants. Peu importe le résultat, le match va passer et la crise va continuer. Mais jusqu’à quand ? Bien malin celui qui va résoudre cette équation. Pourtant, les supporteurs et les acteurs du football n’attendent que la fin de la saga qui n’a que trop duré.
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