Maurice THANTAN

‘‘Chez Diallo’’, le fast-food guinéen à Cotonou

A Cotonou, de nombreux petits restaurants tenus en majorité par des guinéens inondent les rues. Ils servent rapidement de la nourriture à bas coût, et fort curieusement, ils  sont presque tous estampillés ‘‘chez Diallo’’.

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Crédit photo: Affagnon Brice Tito Ismail

 

Ils sont des centaines à Cotonou et dans ses environs. Ces petits restaurants où l’on peut se faire rapidement servir à manger se rencontrent dans tous les quartiers, même les plus reculés de la ville. Leur avantage : le service est rapide et ne coute pas très cher. De fait, ils sont accessibles à un grand nombre de personnes. Ils se trouvent même être l’unique recours de certaines personnes; les célibataires, les Zémidjans, les étudiants et les jeunes apprentis par exemple y ont recours très régulièrement.

En fait, chez « Diallo », il n’y a qu’un seul repas au menu : des pâtes alimentaires (spaghetti aux omelettes). Parfois, mais très rarement, on y sert aussi du lait caillé en apéritif ou comme dessert. Il vous suffit donc d’arriver au bar, de préciser si vous voulez un demi-plat ou un plat et cinq minutes plus tard vous êtes servis.

Bien que la qualité de la nourriture reste approximative (comme dans tout bon fast-food d’ailleurs), le succès de ces « Chez Diallo » ne se dément pas. Et malgré un environnement concurrentiel de plus en plus hostile, la clientèle ne désemplit guère. En effet la stratégie des gérants est assez offensive : en s’abonnant aux chaines de télévisions satellitaires, ils arrivent à attirer un certain nombre de clients. Cet afflux de consommateurs s’observe notamment lors des soirées de ligue des champions ou les week-ends de championnats de football.

En plus des soirées de football ou de cinéma, certains gérants offrent également des plats à emporter. L’avantage est de conquérir certaines personnes qui ne souhaiteraient pas forcément prendre leur repas sur place.

Pourquoi « chez Diallo » ?

J’imagine que vous vous posez sans doute la question. Du moins, ceux qui ne connaissent pas encore le phénomène. C’est vrai, il n’est pas marqué systématiquement « Chez Diallo » sur toutes les enseignes de ces restaurants. Cependant, c’est un fait que tout le monde les désigne spontanément ainsi. Et lorsque votre voisin ou votre camarade de fac dit qu’il va chez Diallo, on sait déjà à quoi il fait référence. En plus, les intéressés même ne s’y méprennent pas, bien au contraire. C’est à croire que chacun de ces restaurants compte au minimum une personne répondant à ce nom.

De toute façon, cette activité est plus que jamais intégrée dans la culture urbaine de notre pays. On ne compte même plus le nombre de Béninois qui fréquentent ces restaurants chaque jour. Alors, si vous passez à Cotonou, faites y un tour !


Entre sexe et marketing, la Saint-Valentin pour les nuls

Aujourd’hui nous sommes le 14 février, jour de la Saint-Valentin connu pour être la date consacrée aux amoureux à travers le monde. Beaucoup de couples profiteront de ce jour pour s’échanger des mots doux, des cadeaux et autres présents entre partenaires sans pour autant savoir les origines de cette célébration. Petite leçon de culture générale pour amoureux et… non amoureux.

Le Doodle de Google pour la Saint-Valentin
Le doodle de Google pour la Saint-Valentin

Comme chaque année, plusieurs couples à travers le monde vont célébrer ce 14 février leur amour à l’occasion de la Saint-Valentin. D’autres encore vont profiter de cette journée consacrée aux amoureux pour trouver l’âme-sœur. Mais à quand remonte cette tradition et quelles en sont les origines ? Certes, les origines de la Saint-Valentin restent floues et même mystérieuses. Cependant, plusieurs sources attestent qu’elle serait inspirée d’une tradition païenne célébrant la purification et la fécondité avant d’être récupérée par l’Eglise Catholique durant le moyen-âge (comme bon nombres de célébrations chrétiennes).

De la fête païenne des Lupercales à la commémoration chrétienne

En effet, l’association du milieu du mois de février avec l’amour et la fécondité date de l’Antiquité. Dans la Rome antique, le 15 février, étaient fêtées les Lupercales ou festival de Lupercus, le dieu de la fécondité. En 494, lorsque la fête des Lupercales fut interdite, le pape Gélase 1er choisit de commémorer le 14 février, Saint Valentin, qui devient le saint patron des amoureux. Une manière sans doute pour l’Église d’encourager la célébration de l’amour au moment des prémices du printemps tout en combattant la fête païenne des Lupercales qui avaient lieu à la même période.

La Saint-Valentin, entre sexe et marketing

De nos jours, la Saint-Valentin est quasiment devenue essentiellement une opération commerciale. Non pas que la fête perdît totalement de son essence mais elle a été largement récupérée par les commerçants qui en font une bonne opportunité d’affaire. A Cotonou par exemple, de nombreuses affiches et banderoles flottent un peu partout dans la ville. Elles annoncent ici un concert spécial Saint-Valentin, là, des forfaits mobiles à prix fracassés ou un peu plus loin un hôtel qui propose un week-end en amoureux pour la circonstance. Des réclames sur les ondes radio et sur les chaines de télévisions, on n’en parle pas. Mais ce sont les vendeurs de téléphones portables, ceux de pagnes et de produits cosmétiques qui profitent le mieux de la fête des amoureux. Car ce sont là manifestement les cadeaux les plus offerts par les Béninois lors de la Saint Valentin.

En outre, le jour de la Saint-Valentin est également l’occasion rêvée, notamment chez les jeunes, pour sonder le plaisir charnel avec leur partenaire. Certains pensent même que c’est là le moment le plus important de cette fête. Eunyce, une jeune élève de terminale me confie sans aucune pudeur : « comme la Saint-Valentin, c’est la fête des amoureux, je suis obligée de coucher avec mon copain. Sinon, c’est comme si je ne l’aimais pas vraiment (…) c’est ça aussi l’amour ».

Un rapport sexuel presque forcé, quitte à se retrouver quelques semaines plus tard avec une grossesse non désirée qui mènera peut être à un avortement clandestin qui entrainera à son tour d’autres complications. A chacun d’en tirer les leçons qui s’imposent. Quant à moi, je dis à tous les amoureux : bonne fête !


Facebook… et dans dix ans ?

Photo: metronews.fr
Photo: metronews.fr

Cette semaine, Facebook soufflait ses dix premières bougies. Un anniversaire forcément spécial pour le réseau social au plus d’un milliard d’utilisateurs. A cette occasion, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg a posté un  message sur son mur. Un message dans lequel il revient brièvement sur le parcours de Facebook jusque-là, mais aussi sur quelques perspectives d’avenir. Après avoir lu son message, j’ai décidé d’aller un peu à contre-courant de tous les articles qu’on a vus ces derniers jours sur les dix premières années de Facebook. C’est-à-dire de ne pas revenir comme tout le monde sur les dix premières années du premier réseau social au monde. En fait, il s’agit d’essayer de comprendre, à la lumière de cette publication ce que deviendrait Facebook dans dix ans.

En effet, en ce moment tous les médias s’attachent à rappeler l’histoire du réseau depuis la naissance de The Facebook depuis un dortoir de Harvard jusqu’au milliard d’utilisateurs en passant par l’introduction en bourse. Pendant ce temps, le PDG de la start-up devenue géant du web se dit encore plus excité par rapport aux dix prochaines années que des dix dernières. En effet, au bout de dix ans de présence dans la vie de ses utilisateurs et pendant que plusieurs analystes prédisent une fin prochaine à Facebook, l’un des plus gros défis du réseau aujourd’hui est de pouvoir être présent dans dix ans. Et ne pas subir le même sort que ses ainés Hi5 et Myspace. Le rachat et le développement de nouvelles applications (Instagram, Paper) et services vont certainement dans ce sens.

Ensuite, l’autre chose intéressante dans le post de Mark Zuckerberg est lorsqu’il dit qu’on va devoir connecter (dans les dix années à venir) les deux autres tiers de la population mondiale qui n’ont pas encore accès à l’internet. Ceci n’est évidemment pas indissociable de son projet internet.org qui vise à démocratiser l’accès à internet dans les pays pauvres. Alors question… A quoi va ressembler Facebook si cela arrivait ? Il n’y aurait même plus de superlatifs pour qualifier le réseau social.

Enfin, pour Mark Zuckerberg, dans la prochaine décennie, les réseaux sociaux vont également servir à résoudre des problèmes plus complexes. Et de quels problèmes peut-il s’agir ? On sait déjà le rôle très important que Facebook a joué dans les printemps arabes et autres contestations socio-politiques  à travers le monde (Turquie, Brésil et récemment en Thaïlande). Mais visiblement le patron de Facebook n’en est pas encore totalement satisfait ou ne compte pas s’en arrêter là. A cet propos, il va falloir être très attentif au poids socio-politique que prendront les réseaux sociaux, surtout quand le haut débit arrivera dans les pays en voie de développement et que les smartphones se seront démocratisés totalement. En dix ans, Facebook n’a cessé de nous surprendre, et tout en entretenant le mystère autour de son entreprise, Mark Zuckerberg ne manque pas d’ambitions.


Bénin: PK 10, le « Far-West » des étudiants Nigérians

Ils sont jeunes, élégants et parlent anglais. Eux,  ce sont les étudiants nigérians qui débarquent ici par milliers chaque année pour poursuivre leurs études universitaires. Une forte migration qui est en train de changer les habitudes locales.

Entrée HNAUB

Le HNAUB (Houdégbé North American University of Benin) est une université béninoise installée dans la commune de Sèmè-Podji à quelques kilomètres à l’est Cotonou. Située plus précisément dans le quartier PK10, cette université, bien qu’étant l’initiative d’un promoteur béninois, est, comme son nom l’indique, à vocation nord-américaine. Les étudiants qui y entrent sont donc formés pour obtenir des diplômes américains ou canadiens. De fait, elle attire davantage les Nigérians que les Béninois. Bien qu’elle ait déjà quelques années d’existence derrière elle, c’est récemment que le nombre de ses étudiants à exploser.

Ces étudiants, on les rencontre désormais dans tous les quartiers de la commune. En effet, ces dernières années, ils ont littéralement envahi le territoire de la commune de Sèmè-Podji. Ils se sont notamment installés dans les quartiers proches du campus comme Sèkandji, PK10 ou Ekpè. Et même au-delà de ce périmètre, leur présence est très remarquée. En l’absence de statistiques officielles sur le nombre d’étudiants nigérians présents dans la commune, on peut avancer sans aucun doute de se tromper que leur nombre est de l’ordre de plusieurs milliers. Cette grande communauté estudiantine offre de nombreuses opportunités notamment aux commerçants pour qui elle représente une nouvelle clientèle, mais aussi aux promoteurs immobiliers.

En termes d’opportunités, leur présence dans la commune est à l’origine d’un boom considérable du secteur immobilier. En effet, en l’espace de quelques années, les loyers ont atteint des proportions faramineuses. L’autre secteur qui tire un énorme profit de la présence  des étudiants nigérians est le commerce notamment celui des biens et services. La preuve en est le nombre croissant de supermarchés, banques et agence d’opérateurs de téléphonie mobile qui se déploient régulièrement dans la zone. Mais il y a également les petits commerces qui arrivent à tirer leur épingle du jeu tels les salons de coiffure, les café-bar, cyber-café  et prêt-à-porter.

Par contre leur mode de vie un peu différent suscite bien des inquiétudes et surtout beaucoup de réprobation au sein de la population très peu habituée à ce mode de vie plutôt trash et bling-bling. Ainsi, aujourd’hui Sèmè-Podji n’est plus seulement la commune des Béninois. Il ne reste qu’à espérer que cette cohabitation pacifique dure le plus longtemps possible pour le bonheur des uns et des autres.